Novembre 2017 / Bruxelles / grain d’ivresse

Pour ceux qui veulent fêter le Beaujolais Nouveau nature, l’indispensable Raisin nous fait un récapitulatif en Belgique, en France et ailleurs.

Ces deux article du Dico du vin, sur les vins nouveaux et sur leur fabrication.

Cet article du Figaro sur les intrants ou, plus complet mais moins digeste, le site de l’IVF (Institut français de la vigne et du vin)

Premièrement, primauté au primeur

Un vin primeur est un vin mis en bouteille avant le printemps et un vin nouveau, avant la vendange suivante. Le Beaujolais Nouveau est donc, comme son nom l’indique, un vin nouveau et également, comme son nom ne l’indique pas, un vin primeur. Ces vins primeurs sont des vins jeunes caractérisés par leur fraîcheur et leur fruité. Mis en vente dès la fin de leur fermentation, ils sont destinés à être consommés assez rapidement. Ces vins jeunes ne sont pas propre au Beaujolais – d’autres AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) sont autorisées à en produire. Si les primeurs en Vin de France peuvent être vendus dès le troisième jeudi d’octobre, pour les AOC, il faut attendre en général le 3ème jeudi de novembre. S’il n’est donc pas le seul à être disposé sur les étals à cette date, le Beaujolais Nouveau s’est imposé, à grands renforts publicitaires, comme LE vin primeur par excellence : on fête cette date fatidique un peu partout dans le monde, des Etats-Unis au Japon.

Affiches Georges Duboeuf, le plus grand négociant du Beaujolais, connu pour avoir popularisé le slogan : “Le Beaujolais Nouveau est arrivé” (©G.Duboeuf)

Ça carbure à la carbo

On peut faire remonter l’histoire des vins nouveaux assez loin, dans ces vins de l’année préparés pour abreuver les travailleurs de la vigne et les nombreux saisonniers des vendanges. Leurs processus d’élaboration ont évolué en même temps que les différents procédés de vinification: comme dans une partie du reste de la production vinicole, on y retrouve souvent enzymes, levures industrielles ou thermo-vinification (chauffer les moûts pour en extraire plus rapidement arômes et couleur), techniques auxquelles s’opposent la vague des vins dits “naturels”.

Photo capturant le départ du Beaujolais Nouveau au siècle passé

Mais si on parle Beaujolais, on se doit de parler macération carbonique. Macéquoi? La macération carbonique, c’est commencer la fermentation des raisins dans une cuve saturée en CO2. En anaérobiose (en absence d’air, remplacé par le CO2), les raisins entiers commencent une fermentation enzymatique intracellulaire. Celle-ci a pour particularité de réduire la durée de macération tout en favorisant les arômes fruités, particulièrement recherchés dans les vins jeunes.

Cette technique demande que la grume, la baie de raisin, soit entière : la vendange doit donc être manuelle, les machines abimant les raisins. Cela tombe bien, le Beaujolais est avec la Champagne la seule région de France où la vendange manuelle est obligatoire pour toutes les AOC.

Traditionnellement, la macération est semi-carbonique. On écrase quelques raisins, le fond de cuve, qui fermentent : le CO2 naturellement produit lance la macération carbonique des raisins placés par dessus. Sous leur poids, ils s’écrasent petit à petit, dégageant plus de CO2. Les jus de goutte (premier liquide obtenu lors du décuvage) et de presse (liquide obtenu par pressurage des raisins) sont ensuite assemblés pour finir leur fermentation ensemble.

Bien boire en Beaujolais

Si, traumatisés par un beaujolais nouveau de supermarché dans votre jeunesse, vous avez des hauts-le-coeur aux alentours de cette date, ne vous forcez pas. Mais saviez-vous que le beaujolais, c’est bien plus que le beaujolais nouveau ? Celui-ci représentant ⅓ de la production, il éclipse parfois les nombreux vignerons travaillant avec verve pour produire d’autres vins passionnants. Outre les mentions assez larges de Beaujolais et Beaujolais-Villages dans le sud, il existe notamment dix crus: Chiroubles, Régnié, Brouilly, Côtes de Brouilly, Morgon, Saint-Amour, Moulin-à-Vent, Fleurie, Juliénas et Chénas. Si le cépage est toujours du gamay, les différents terroirs permettent une belle diversité des saveurs.

Dégustation familiale à Brouilly, l’un des villages et cru du Beaujolais

Bien fait, un Beaujolais Nouveau est un vin croquant et plein de fraîcheur. Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain, et le Beaujolais avec le Beaujolais Nouveau. Si ces vins jeunes ne sont pas à votre goût, essayez un petit Morgon Côte de Py. Le Beaujolais est arrivé, ne le laissons pas repartir si vite !