Aout 2017 / Bruxelles / grain d’ivresse

Lectures conseillées:

Ce post du blog “Apport du Temps”.

“Il y a un siècle” imagine la vie d’un  fonctionnaire français de l’époque.

Les articles de Tenzo sur l’apéro à la française, des années 1890 à 1980.

Le mémoire d’Anaïs Gayot: “Apéritif et sociabilité (…)”

Et aussi, ce récapitulatif et ces petites anecdotes.

“Le vin est la plus saine et la plus hygiénique des boissons” (Pasteur1)

Depuis l’antiquité, on a considéré le vin comme un fortifiant, c’est-à-dire une boisson propre à restaurer les forces de l’organisme. Pour accentuer ses effets, une tradition de vins aromatisés par la macération d’aromates2 aux vertus médicinales parfois fortifiées par l’adjonction d’alcool, se développe dans les pays de la vigne, comme en France et en Italie. C’est le même schéma qui poussera moines, apothicaires et alchimistes à la création d’élixirs à base de macération de simples3 dans l’alcool. Le XIXème voit la naissance du courant hygiéniste, marqué par la découverte de l’importance des micro-organismes dans la contamination4 dans une société où la qualité de l’eau laisse encore à désirer5. Au courant du siècle, de nombreuses marques de fortifiants sont créées. Mais rapidement, celles-ci deviennent synonymes de boissons apéritives.

La belle époque de l’apéro

Ces vins et alcools aromatisés ont connu leur âge d’or à la Belle Époque et durant l’entre-deux-guerres. De très belles affiches publicitaires en sont les témoins. La tendance de conseiller ces vins toniques à toute la famille, à tout âge, à tout repas et surtout, à toute  occasion est heureusement révolue.  À l’époque, on les prodiguait même lors d’une escapade en voiture pour se requinquer et pour ouvrir l’appétit. À l’après-guerre, on les consomme encore. Dans les années 70, ils prennent la poussière et, peu à peu, tombent dans l’oubli. Nos apéritifs passent sous la coupelle de grands groupes, les lieux de production se concentrent et les recettes sont simplifiées. Ces bouteilles, qui jadis trônaient à l’arrière des bars, semblaient destinées à finir leur carrière dans l’anonymat.

Affiche de l’époque de Dubonnet

Who’s who

Mais que sont ces apéritifs ? Petit tour d’étagère des incontournables.

Le Lillet (Pernod Ricard)

La société Lillet Frères est fondée en 1872, en Gironde, près de Bordeaux. Créé en 1887, le Lillet blanc est constitué de vin6, de liqueurs de fruits et de quinquina7, avant d’être élevé en fût de chêne selon la tradition bordelaise. C’est un apéritif assez doux, avec des arômes d’orange confite8.

Le Byrrh (Pernod Ricard)

Créé en 1873 par la famille Violet, le Byrrh est un apéritif constitué de vins rouges du Roussillon9 fortifiés par une mistelle10, puis aromatisé principalement au quinquina, mais également à divers autres aromates tels le cacao, le café et l’orange amère. Le Byrrh est un apéritif fruité, avec une amertume marquée.

Affiche de l’époque de Byrrh (Laurent Desrousseaux)

Le Noilly Prat (Bacardi)

Le Noilly Prat est un vermouth11, le plus ancien dans la catégorie des vermouths blancs secs; c’est en 1813 que Joseph Noilly le conçoit à Marseille. Assemblage de deux cépages blancs12 élevés et fortifiés séparément par l’adjonction d’une mistelle, puis rehaussé par divers ingrédients, notamment de la gentiane, de la camomille, de l’écorce d’orange, de la noix de muscade et bien entendu l’indispensable absinthe, signature d’un vermouth. Sec, oxydé, c’est l’ingrédient indispensable du Martini, mais pour apprécier ses finesses aromatiques, n’hésitez pas à le goûter seul.

Le Picon (Diageo)

Inventé par Gaétan Picon en 1837, le Picon est un apéritif marseillais. Il est fabriqué à partir d’une macération de zestes d’oranges, de racines de gentiane et de quinquina dans de l’alcool. Il fut créé en Afrique, où Picon, engagé dans l’armée d’Algérie, l’utilisait pour soigner ses fièvres. Revenu à Marseille, c’est d’abord sous le nom d’Amer Africain qu’il fut commercialisé. Il jouit encore d’une popularité certaine avec les célèbres Picon-bière et Picon-vin blanc.

La Suze (Pernod Ricard)

La Suze doit son origine aux liqueurs de gentiane13. C’est dans les environs de Paris que Fernand Moureaux et Henri Porte inventent la boisson apéritive qui prendra le nom de Suze en 1889. La Suze est constituée d’un mélange de distillation et de macération de racines et de rhizomes de gentiane jaune dans de l’alcool, enrichi d’autres plantes aromatiques.

Bien entendu, ce ne sont pas les seuls. Certains ont disparu au fil des années, comme le Mandarin dans les années 2000. Mais des apéritifs à découvrir, il en reste d’autres ! Le Bonal, l’Ambassadeur, le Dubonnet ou le Dolin par exemple14.

Papy fait de la résistance

Au tournant du millénaire, le retour à la mode du vintage ainsi que la renaissance des cocktails va revigorer la popularité de ces alcools de grand-père. Les marques diversifient leur gamme ou remettent en production des versions plus proches des recettes originales. Les vieilles gloires d’antan remontent sur le devant de la scène, d’abord comme ingrédient et petit à petit comme vedette à part entière. L’apéritif a survécu et le voici de retour ! Alors, un petit verre de Duhomard ou de St-Raphaël ?


GDI<3BCW

13/09 Ne manquez pas l’événement “Alcools oubliés” pendant la Brussels Cocktail Week chez Hortense & Humus ! L’occasion idéale pour découvrir l’alcool préféré de papy en cocktails confectionnés par des mixologues talentueux.

#BCW17 MAP / Carte des événements

Hortense & Humus / Food & Cocktails

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